Enfants nous cherchions des arbres aux premières branches basses. Nous grimpions alors avec agilité jusqu’au faîte et nous pouvions nous émerveiller d’un paysage, de l’envol d’une tourterelle, de la course d’un écureuil et tout simplement des senteurs de la canopée. Pourtant l’expédition restait inaboutie car il y avait, toujours très proches, ici un grand pin à l’écorce rugueuse, au tronc élancé inaccessible, là un hêtre ou un chêne dominateur qui nous narguaient véritablement et dont les frondaisons au milieu des nuages bruissaient avec ironie.
Cascade de bois aujourd’hui relève ce défi d’antan et conduit le commun audacieux au firmament vert de nos forêts. Piolets et crampons professionnels ne pénètrent l’écorce que de quelques millimètres pour assurer une grimpe accessible à tous. C’est un nouvel élan vers les cimes, c’est un nouvel allant pour l’amoureux de la nature.
Cascade de bois pousse la pratique jusqu’à justifier avec raison et fondements le choix des arbres sur lesquels exercer ce sport original. C’est le côté éphémère du parcours acrobatique qui l’emporte sur une quelconque idée de souffrance de l’arbre puisque les individus choisis sont justement ceux destinés à être coupés. A être coupés et donc à être renouvelés. Tout le concept réside dans cette fonction durable de l’intervention humaine de Cascade de bois. Il n’est pas question de contraindre le végétal des années durant aux griffures des sylvo-cascadeurs mais bien de l’honorer une dernière fois avant qu’il ne devienne l’éco-matériau essentiel de nos économies circulaires.
Soutenir l’initiative de Cascade de bois conduit ainsi à valoriser des expériences rapprochant nos sociétés mercantiles et urbanisées des réalités de la nature. C’est ouvrir la porte par l’audace d’une escalade surprenante à de véritables approches écologiques et bioéconomiques de la forêt. C’est entrer dans l’univers complexe de la biodiversité, de la compensation carbone, du rôle de la forêt face au changement climatique, mais c’est y entrer en prenant de la hauteur !
Pour ces raisons je soutiens l’action et le développement de Cascade de bois
A Bordeaux, le 29 mai 2020
Roland de Lary
Directeur du CRPF de Nouvelle-Aquitaine